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Pour en revenir à notre broderie, je suis
stupéfait par les détails techniques sur les attelages des chevaux. Penser qu’à
l’époque les incas ignoraient l’usage de la roue, même s’ils étaient talentueux
dans d’autres domaines ; et là on remarque la complexité des systèmes
employés. Les archéologues ont réussi à mettre à jour les connaissances d’alors.
L’époque romane est loin d’être barbare et obscure.
Le blond normand détaille la
tenue des soldats ‘ ils portent des cottes de mailles, c’est un travail de
métal assez délicat ‘…
— Loin de moi l’idée de te contredire, mon bon cousin. Une
étude récente des costumes guerriers nous apprend qu’il s’agit plus exactement
de broignes.
— Ah, mais cela ressemble à notre nom de famille !
— C’est vrai, ce
vêtement a donné sûrement notre nom, tu l’as bien deviné. Le travail pour
réaliser cette protection du corps était assez important, chaque
écaille étant cousue sur le cuir ou le tissu ; mais le résultat était plus léger qu’une cotte,
c’était avantageux pour les combattants.
J’imagine les dessinateurs parcourant le même chemin que l’armée
de Guillaume pour que la reproduction soit exacte. Les monuments sont fidèles. Même
les occupations quotidiennes sont riches d’enseignement sur les outils.
Le couronnement d’Harold
est un moment fort de ce journal vivant. La bataille de Hastings est un morceau
de bravoure aussi. On voit même le souci de représenter des arrière-plans dans
certains tableaux. Symboliquement la perspective commence à travailler l’esprit
des créateurs.
Arrivé au bout
du rouleau c’est encore Harold, après sa trahison qui termine le récit, tragiquement, c’était prévisible.
Le cousin de
Mathilde est à la fin du voyage rêvé :
— En quelques
heures, je me suis approché de l’intimité de ces personnages. Merci, mon cousin, tu
as tenu parole, merci. J’aurai bien fait encore du chemin le long de cette
histoire. Prolonger les soixante-huit mètres, juste encore un petit bout.
Il reste devant la fin de la fresque et fouille
dans sa poche :
— Me croiras-tu ? Regarde, cette photo,
elle est abîmée, car elle date de mille huit cents et quelques et elle ne paie
de mine. Je suis assez ému de la posséder et hanté par ce petit carton que j’ai
sauvé de la chaudière dans la vieille maison de nos aïeux, au Canada. Un gros nettoyage qu’elle faisait la famille. Et je l’ai vue,
cette photo de la reproduction d’un dessin ancien. Elle est un peu floue mais
frappante de parenté avec l’ouvrage là sous nos yeux. Personne n’a pu me dire comment,
ou par qui elle était venue dans la demeure familiale.
Mais je me plais à croire que nos ancêtres
Broignart émigrés sous Louis XVI y sont pour quelque chose.
Avec le couronnement du roi Guillaume en
apothéose, tu as sous les yeux ce qu’il n’est plus possible de contempler :
le dernier fragment perdu de la broderie de la reine Mathilde.
FIN
C'est un plaisir de relire cette nouvelle (puisque j'avais eu la chance de la lire "hors ligne" il y a quelques semaines).
RépondreSupprimerLa liste de mots était vraiment hétéroclite, tu as du galérer pour les incorporer ! Si j'ai un reproche à faire, c'est qu'il y a au début de la nouvelle un léger travers de faire la définition des mots qui semblent un peu hors contexte, mais tu as réussi à intégrer ça plus naturellement sur la suite du récit qui en devient fluide.
J'apprécie aussi que tu publies des extraits plus larges. Pour moi, cette nouvelle est idéalement distribuée (j'aurais peut-être même encore réduit à 4 parties, personnellement, mais tout le monde n'aime pas forcément lire de gros pavés).
En tout cas cette lecture me donne envie de me pencher à nouveau sur la tapisserie de Bayeux, les souvenirs du collège sont bien lointains... Continue de nous donner envie d'élargir nos horizons !
Merci beaucoup de ton impression générale, c'est important de savoir comment on est perçu.
RépondreSupprimerLa liste était vraiment hétéroclite et j'ai senti la nécessité d'aider à la compréhension de mots inconnus sous nos latitudes.
N'est-ce pas fascinant d'entrouvrir une fenêtre sur la vie quotidienne de nos ancêtres ?
La partie manquante de la tapisserie est hélas un fait réel ; mais on peut se sentir heureux d'avoir cette oeuvre même incomplète car elle a failli disparaître.