mercredi 23 novembre 2016

Le cèdre bleu



Pour continuer dans la même veine que la "cicatrice de géant", je propose une nouvelle.

C'est également une de mes premières.  Avec un défi supplémentaire de mots imposés ; dans ce concours ils sont au nombre de huit :
  • Etoile
  • Chouette
  • Menuisier
  • Cabane
  • Bible
  • Echelle
  • Fauteuil
  • Bougeoir

 Largement autobiographique ce récit est bien sûr imprégné de mon amour des arbres.

Bon voyage du haut de la cime odorante du cèdre bleu.

Le cèdre bleu

Cèdre.
La gamine que j’étais en rêvait.
Enfermée dans la vaste cité ponctuée de jeunes feuillus, je voyais bien l’hiver la détresse des oiseaux dépourvus d’abri pour couper le vent glacial. Et comble de la frustration il nous était formellement interdit de poser un pied sur l’herbe tendre bordant les arbres. La pelouse n’était pas faite pour amortir nos chutes ; à nous le béton gratté qui couronne méchamment les genoux.
 Dans nos racines humaines l’amour des arbres est solidement implanté. Si nous cultivons ce sentiment  dès l’enfance nous aurons un éden dans le cœur.
Pour revenir à l’arbre de ma vie, pourquoi ai-je jeté mon dévolu sur le cèdre ?
Cet arbre est régulièrement évoqué dans les lectures ; en parcourant la Bible par exemple on en trouve de nombreuses mentions. Si le Liban m’est toujours inconnu,  j’ai rencontré l’arbre, enfin plus exactement je suis allée à sa rencontre.
Nous avons de nombreuses occasions de capter le chant vibrant du cèdre ; il m’a charmée en étudiant la vie de nos ancêtres. Ne sommes-nous pas éblouis par la lecture détaillée du mobilier médiéval ? On n’avait pas encore l’usage de l’armoire, et les hommes devaient pouvoir déménager aisément. Alors pour soustraire les beaux objets à la poussière il y avait des coffres en bois de cèdre. On y rangeait et transportait à peu près tout ce qui était précieux, la belle vaisselle, les vêtements coûteux. J’imaginais sans peine l’odeur merveilleuse qui imprégnait les belles étoffes.
Et pour le côté astucieux, l’huile naturelle du cèdre garde les tissus sains. Alors l’utile était bien agréable.
Ces meubles devaient être conçus et fabriqués par d’habiles menuisiers. Leur travail a défié les siècles et nous retrouvons ces ouvrages en bois encore intacts dans leur beauté.
Le bois du bel arbre est plus rare de nos jours nous passons du coffre au coffret. Les trésors particuliers y sont souvent cachés.  
J’ai dû être un peu poursuivie par ce remarquable végétal, car avant même de connaître son nom je l’ai admiré en région parisienne.
Jeune adolescente je frôlais le torticolis en passant devant lui en voiture pour m’inonder les yeux de sa majesté. L’admirer aussi longtemps que possible.
Planté sous le règne de Louis XIV, il a survécu à la Révolution française.
Il régnait dans un parc splendide. La ville asphyxiante l’a entouré peu à peu, et a écrasé tous ses compagnons. Il reste solitaire au bord de la route. Sa magnifique silhouette humilie le béton environnant.

* * * * * 



4 commentaires:

  1. On peut le voir où ce cèdre ?
    J'aime beaucoup la formule "l'arbre de ma vie".

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    1. Coucou,
      Tu parles de celui qui me faisait un torticolis ?
      Ce magnifique survivant est sur la nationale qui traverse Livry-Gargan en région parisienne.
      Belle journée.

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  2. Un bien beau texte pour un bien bel arbre.

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  3. Impossible de déraciner l'amour des arbres quand on l'a dans le cœur...
    L'aventure du cèdre bleu continue, merci Solo

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